Skip to content

Confinement : Semaine 6

Le confinement national vu d’une colocation parisienne.

Jour 40 – Jeudi 23 avril 2020

J’ai tenté de résumer ce que nous futur·e·s-nous ont dit de leur présent. Les choses ont pas mal changé après presque un an de confinement continue. Comme je vous le disais, après un été à profiter de la liberté retrouvée, le pic épidémique est reparti à la hausse, donnant lieu à une nouvelle période de confinement. Nos futur·e·s-nous ayant décidé d’attendre la fin de l’été pour déménager (la nouvelle embauche de Marion a été repoussée de deux mois), nous habitions toujours ensemble à ce moment là. Un mois plus tard, la crise sanitaire en France est devenue si grave que le gouvernement a pris des mesures drastiques en interdisant les sorties de quelques natures qu’elles soient. Cela a donné lieu à des tentatives de manifestations qui ont été très fortement réprimandées. Le gouvernement a alors déclaré la loi martiale. En Juin 2021, elle n’a toujours pas été levée.

Les courses de premières nécessités sont livrées par des drones devant chaque habitation tous les lundis matin. Ces moments de livraison sont désormais appelés « l’heure des abeilles » en référence au bruit fait par les drones. Ils sont si nombreux dans la rue qu’on ne s’entend plus parler. L’agriculture se fait exclusivement sous serres, gardées par des militaires, dans des grandes zones prévues à cet effet. Pour s’en occuper, un appel aux citoyen·ne·s entre 16 et 55 ans a été passé pour trouver des volontaires. Ces dernier·e·s devaient passer des tests d’immunités pour être accepté·e·s. L’état a principalement recruté des personnes emprisonnées qui voyaient là une porte de sortie.

En février 2021, un énorme crash internet a eu lieu. Le problème a été en partie résolu, mais le système est désormais très fragile, menaçant de planter à nouveau à tout instant. Le gouvernement a alors fait passé un loi obligeant les opérateurs internet à limiter l’accès de chaque foyer à une heure par jour, avec des créneaux imposés. Nos futur·e·s-nous sont limité·e·s à 15 minutes par jour chacun·e. Et pour éviter que la même chose ne se produise avec le réseau téléphonique, le même système a été mis en place un mois plus tard, limitant les appels à deux heures par jour. Les moments de la journée où il est autorisé de téléphoner sont devenus très précieux.

Beaucoup de personnes ont tenté de fuir, pour rejoindre leurs proches, donnant lieu à de nombreuses arrestations. Il est difficile de savoir où sont transférées les personnes arrêtées, mais il semblerait qu’une partie d’entre elles soient forcées de devenir « volontaires » pour travailler dans les serres. Les informations circulent très mal, les journalistes n’ayant plus le droit de sortir non plus. Les chaînes télévisées et radiophoniques ont peu à peu été fermées, ne laissant place qu’à celles mises en place par l’état pour communiquer avec la population. Futur-Samson nous a dit être sûr que le crash était un mensonge pour empêcher les gens d’obtenir trop d’informations sur ce qu’il se passait réellement dehors.

Voilà la synthèse de ce qu’on a pu retenir. Ce n’est pas très réjouissant… Nous leur avons aussi demandé plus d’informations sur leurs voyages dans le temps. Iels nous ont répondu l’utiliser parfois pour prendre l’air, se promener, profiter d’un semblant de liberté. Principalement la nuit pour ne pas croiser de personnes et malencontreusement changé le passé. Iels risqueraient d’annuler leur découverte de la porte secrète ! Nous avons voulu en savoir plus sur cette porte, ce à quoi future-Marion nous a dit qu’il leur était impossible de nous dire où elle se trouvait, il nous faudra la trouver par nous mêmes, comme ça a été le cas pour lui et elles. Autant vous dire que les recherches vont bientôt commencer !!

Nos futur·e·s-nous ont aussi dit venir parfois pour capter notre wifi et télécharger des films et séries. Nous avons alors compris d’où venaient les nombreux bruits entendus ces dernières semaines. Iels viennent principalement à notre époque, car il y a moins de risque de croiser du monde, puisque les start-uppers ne sont plus là.

Je vous laisse imaginer dans quel état cette conversation nous a laissé. Après deux jours à ne pas sortir de notre état léthargique, nous avons essayé de continuer nos activités habituelles, pour garder pied avec la réalité. J’ai fait les deux séances photos que je planifiais depuis quelques temps. Marion continue de travailler même si cela lui semble souvent bien futile au vu de ce qui nous attend. Cassandre avance comme elle peut sur son projet de thèse et Samson a beaucoup fait de recherches sur internet pour essayer d’en savoir plus. Mais comment obtenir des informations sur des évènements qui n’ont pas encore eu lieu…

Sur une note plus légère, nous avons vécu une scène assez drôle mardi soir. Nous étions sur la terrasse, qui donne sur une petite cour toute mignonne, sur laquelle nous ne voyons pourtant jamais personne. Samson a alors remarqué qu’une de nos voisines y buvait un verre avec un homme. Nous avons joué aux commères, et en regardant furtivement, j’ai eu l’impression de reconnaître son invité. J’ai alors feint de prendre du linge étendu pour mieux regarder, et effectivement, c’était bien quelqu’un que je connaissais. Il se trouve que nous avons tourné sur un clip ensemble il y a deux ans, et quelques mois plus tard, nous avions bu un verre ensemble. Cela n’avait pas donné suite, mais l’anecdote a bien fait rire mes colocs, et nous a permis de nous détendre après ces 48h de tension.

Nous ne savons comment aborder la suite en ayant ces informations du futur. Nous nous interrogeons beaucoup sur la raison qui a poussé nos futur·e·s-nous à nous raconter tout ça, sachant qu’iels disaient ne pas vouloir changer le cours du passé. Y a-t-il des raisons cosmiques… ? Nous discutons beaucoup de comment nous voyons la suite, et si nous souhaitons interagir à nouveau avec eux. Nous n’avons pas encore trouvé la réponse.

Jour 43 – Dimanche 26 avril 2020

Rien de nouveau en ce qui concerne nos doubles du futur ! Nous n’avons pas encore essayé de forcer la porte des start-uppers, je crois que nous avons tou·te·s un peu peur de trouver la porte secrète, nos vies risquent de bien changer après ça. Mais nous prévoyons déjà des plans pour cette mission, qui ne devrait pas être trop compliquée vue la faible robustesse des portes de notre vieil immeuble… En revanche, la petite largeur du couloir dans lequel se trouve cette porte sera potentiellement un obstacle, mais nous avons confiance en notre débrouillardise !

En revanche, dans notre quotidien, il s’est passé des choses, sinon intéressantes, au moins mystérieuses ! Marion et moi nous sommes levées un matin pour trouver des crottes de chat sur notre terrasse. Jusque là, rien d’alarmant me direz-vous. Sauf que :

  1. Nous n’avons jamais vu un chat sur notre terrasse.
  2. Les crottes étaient remplies des petites granules qu’on trouve dans les litières pour chat.
  3. Une des crottes était aller s’écraser contre le mur du fond de la terrasse, comme si elle y avait été projetée.

Nous en avons donc conclu que l’un ou l’une de nos voisines s’était amusée à nous jeter les crottes de son chat. Restait à savoir qui avait bien pu perpétrer une telle ignominie ! Encore une fois, nous avons utilisé nos grands pouvoirs de déductions pour (nous) prouver qu’il s’agissait des voisines de l’immeuble d’à côté, au troisième étage. Pourquoi ? Car :

  1. C’est le seul appartement où nous avons vu un chat à la fenêtre.
  2. Vue la position des crottes sur la terrasse, leur appartement semblait être le plus adapté à de tels lancés.
  3. Samson nous a rapporté les avoir entendu une bonne partie de la nuit rire et parler très fort, visiblement soûles.

Nous tenions nos principales suspectes ! Mais restait une énigme. Pourquoi… ?! Plusieurs propositions ont émergé, les principales étant un acte de vengeance, puisqu’il nous arrive régulièrement d’être sur la terrasse, avec un peu de musique et des conversations qui pourraient potentiellement déranger ces personnes (mais ça serait un peu tatillon de leur part, nous ne sommes pas si pénibles!), ou bien par jalousie ! La contemplation de nos brunch au soleil, de nos après-midi jeux de cartes et de nos apéros enjoués pourraient causer dans le cœur des envieuses une certaine animosité à notre égard. Nous ne le saurons probablement jamais, puisque malgré nos tentatives de communication à chaque ouverture de leur fenêtre, nous n’obtenons jamais de réponse.

Pour rester dans un esprit commère, nous voyons plus que jamais notre voisine du bas, qui a l’air de faire beaucoup plus d’allers-retours qu’habituellement, et qui après son rencard de début de semaine, à reçu une jeune femme pour un apéro dans la cour. Comme a dit Samson « Elle n’a jamais reçu autant d’ami·e·s que pendant le confinement ! ».

Malgré une journée un peu compliquée pour nous tou·te·s samedi, pour cause de baisse de morale, fatigue, règles et la tête de Samson qui a provoqué en duel son velux, nous avons passé un week-end sympa, avec brunch improvisé, séance photos avec Marion et visionnage du première épisode de la série Mrs. America, sur le mouvement de libération des femmes dans les années 70. Nous avons aussi pris une photo pour participer au mouvement de protestation, contre la garde à vue d’une jeune femme à Toulouse pour avoir accroché une banderole devant chez elle sur laquelle était écrit « Macronavirus, à quand la fin ? ». Ce genre d’infos semblent cohérentes avec le futur que nous ont décrit nos futurs-nous… Rien de réjouissant en perspective, mais on ne compte pas se laisser faire !!

Je finirai cette semaine sur une jolie citation de Cassandre. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, elle s’est rendue compte qu’elle n’avait pas fait son attestation. Je lui ai dit que c’était marrant de voir qu’on pouvait oublier si vite cette histoire d’attestation, ce à quoi elle a répondu « La liberté, c’est difficile à oublier. »

SEMAINE 7 :

CategoriesNon classé

Leave a reply

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *