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CÉLINE

31 ans – 29 Novembre 2019 – Mantes-la-Jolie

« J’aime beaucoup la rue, l’effervescence qu’il peut y avoir, les ambiances, ça me plaît. J’ai un côté un peu rêveur, du poète romantique, qui se laisse porter par la saveur de l’instant et est témoin de son temps.

Pour ce qui est d’être une femme dans la rue, je me rends compte que je ne m’étais jamais vraiment posée la question, mais qu’en fait ça a dû m’influencer dans ma construction personnelle et mon rapport à ma féminité. Moi qui n’avais jamais vraiment chercher à comprendre, je réalise qu’il y a quelque chose en moi qui va profondément chercher l’adaptabilité et la neutralisation de mon côté féminin.

Mais je ne dirais pas que c’est la rue qui m’a totalement influencée dans cette façon d’être. Il y a tellement d’autres facteurs et d’habitudes ancrées depuis l’enfance. J’ai des parents d’origines maghrébines, j’ai eu une éducation un peu fermée, qui s’est ouverte petit à petit, un peu comme mon rapport à la rue en fait ! C’est certain que ça a joué. Je me rappelle que mon père me disait de faire attention quand j’allais faire mon footing car il y avait eu une agression de joggeuse dans les faits divers. Je lui disais qu’il y avait aussi 70 000 joggings qui s’étaient bien passés, mais cette info ne fait jamais de titres dans les journaux. On était d’accord… Il s’agissait pour moi de maintenir une vigilance raisonnée sans me retrouver dans une bulle anxiogène à chaque fois que je mettais les pieds dehors.

Je dirais que la rue me permet d’observer mon rapport aux autres, inconnus ou non, dans ce contexte. Parfois il y a des regards insistants, des interpellations, plus souvent d’hommes que de femmes, j’y suis sensible et ça ravive clairement mes réflexes d’adaptation pour me sentir tranquille. Dans ces moments là, je me retrouve dans un état de vigilance sur l’image que je renvoie. Bon ce ne sont pas les moments les plus agréables que nous offre la rue !

J’ai vécu trois ans à Londres. C’est une ville effervescente de diversité. Dans les rues les gens sont bien plus occupés par leur « busy life » que par ton choix de coupe de cheveux, de langage ou de mini jupe ! Chacun est dans sa ligne de « chemin de faire », et chacun son style ! Et c’est ok si tu vas faire des courses rapides en bas de chez toi avec ta bonne vieille tenue film-et-pop-corn qui a une tâche permanente de glace au chocolat.

Partout où j’ai vécu, j’ai eu beaucoup d’expériences positives. Les gens passent et me sourient, nous échangeons de citoyens à citoyens, d’humains à humains. On vit dans le même endroit, on se croise, on se dit bonjour. La rue est un terrain riche de découvertes de vie et d’expérience de la réalité du monde dans lequel j’évolue.

Ma rue idéale… Ce serait une rue qui serait neutre et constamment relookée à mesure que les personnes passent, repassent, se dépassent, s’embrassent…et j‘en passe ! »

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