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ELSA

31 ans – 26 Novembre 2019 – Paris 18ème

« J’aime observer les gens, et la rue pour moi, c’est une source d’inspiration au quotidien. J’aime le côté petit village, sourire aux gens que je croise, créer un contact. Parfois je me force à ne pas regarder mon portable du chemin, parce que j’ai remarqué que si je suis dans ma bulle, je m’isole totalement, et je suis capable de faire tout un trajet sans même lever les yeux de mon téléphone. J’attache toujours beaucoup d’importance à me familiariser aux quartiers dans lesquels je vis, à créer des habitudes, connaitre les noms des commerçants, parce que parfois je suis un peu dans ma tête, et ça me ramène dans la réalité. 

Je suis amoureuse de Paris, je trouve que c’est une très belle ville, et j’ai vraiment du plaisir à y marcher. Me balader pour moi c’est vraiment synonyme de détente. Il y a un mouvement permanent que je trouve très rassurant dans la rue. Quand on a le regard ouvert vers l’autre, les gens viennent parler assez spontanément. Quand je me pose sur un banc, souvent il y a quelqu’un qui vient s’assoir à côté de moi, qui me raconte quelque chose.

J’ai grandi à St Cloud, une banlieue bourgeoise. J’ai eu beaucoup de chance, mes parents ne m’ont jamais fait peur avec la rue. Je jouais avec des copines, et à six ans, j’allais à l’école toute seule. Un peu plus tard, quand j’allais chez mes copines qui habitaient à Paris, on faisait le mur, on passait des nuits dehors, on revenait à six heures du matin. Je me suis rarement sentie en danger, jusqu’à ce que bien évidemment, le danger arrive. J’ai bizarrement plus peur à trente ans, peut-être parce que je suis plus consciente des risques de la rue aujourd’hui. Il y a vraiment des moments où je me sens en insécurité, ce que je n’avais pas du tout pendant l’adolescence, c’est arrivé plus tard.

C’est arrivé parce que j’ai eu une tentative de viol un soir de jour de l’an à Paris. Je me suis faite agresser par deux mecs qui m’avaient suivi. Il y a eu cet incident qui est quand même assez perturbant, mais bon je ne peux pas dire que la peur m’ait bloqué pour quoi que ce soit, en tout cas vis à vis de la rue. Et parfois, tu peux avoir peur dans ta tête, et à partir du moment où tu crées une connexion, tu vois que non, il n’y a pas de danger. J’ai plutôt un bon contact avec les gens, donc non, je n’ai pas peur.

Je m’habillais beaucoup en robe et en talons étant jeune, et j’ai changé de style vestimentaire dans mes journées quotidiennes, en me mettant un look plus simple. C’est comme si je choisissais les jours où je décide qu’on me regarde, et les jours où on ne me regarde pas, et ça marche en plus ! Parfois ça me fait plaisir d’entendre « Hé vous êtes jolie mademoiselle », je le prends comme un compliment, ça me fait sourire.

Je ne vais pas trop manifester, j’ai beaucoup de mal avec les grands rassemblements. Pour le coup, j’ai plus peur de la foule que de la rue. Les revendications, c’est une violence de volonté que je trouve belle, mais quand je me retrouve au milieu de tout ça, ça m’écrase totalement. Ça me touche trop de voir la douleur chez les gens.

Ma rue idéale… Une rue piétonne, avec des bancs, et arborées. J’aime les couleurs, les tags, les peintures aux murs. En fait ce que j’adore, c’est les bordels organisés. Et c’est pour ça que j’adore vraiment mon quartier, parce que tu as l’impression que c’est un bordel fou, mais c’est hyper bien organisé ! »

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