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SOPHIE

31 ans – 14 Octobre 2019 – Asnières

« De façon générale, le regard des autres sur moi dans la rue m’inquiète. Je ne sors pas souvent toute seule et j’ai besoin de Steph, mon compagnon, pour me sentir plus en sécurité. Je vais moins faire de choses s’il n’est pas là. La nuit, je ne vais pratiquement pas sortir toute seule. Ou alors j’aurais mon téléphone dans la main, en permanence.

Je n’adapte pas mes trajets, mais si je vois un groupe de mecs qui commencent à lever la tête et à regarder dans ma direction, je vais faire semblant d’être sur mon téléphone, je vais regarder ailleurs, je vais faire comme si j’étais occupée à autre chose. Et je vais forcément analyser la situation pour voir s’il y a un risque potentiel.

Mes parents avaient tout le temps peur pour moi, quand j’étais enfant, et surtout ado. Je n’avais pas beaucoup le droit de sortir, pas le droit de prendre les transports en commun. Leur discours sur le sujet était plutôt négatif. Du style « évite tel quartier, ce n’est pas très bien fréquenté, ne te balade pas seule après telle heure, il y aura des garçons avec vous ? », etc.

J’en ai un peu gardé le sentiment que le seul endroit où tu puisses être en sécurité est « chez toi », et que la rue, dehors, c’était l’exposition aux autres et donc dangereux. Ça m’a beaucoup conditionnée à l’isolement et peu à l’ouverture aux autres.

Ma rue idéale… S’il pouvait y avoir un trottoir pour les filles, et un trottoir pour les mecs, et qu’on pouvait être sûres à 100% de pas être matées, de pas être importunées, ça serait cool ! Juste une fois par mois, on se dit ce trottoir là, il n’est que pour les filles, et allez y franchement, habillez vous comme vous voulez, faites ce que vous voulez ! »

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